Nos fintechs seront les garants de notre souveraineté financière

Notre souveraineté économique ne pourra se construire sans la maitrise de nos flux financiers. C’est un élément fondamental de notre souveraineté, face à des acteurs américains et chinois puissants ou qui émergent et qui s’étendent au-delà du marché domestique. En développant nos infrastructures financières, nous garantissons à notre système économique réactivité, résilience et équilibre. Dans ce contexte, si la Fintech fait office de jeune élève, il s’agit d’un jeune élève déjà très performant ! En témoigne sa forte présence à l’international, sa croissance régulière et les nombreux partenariats déjà en place avec des institutions financières et des entreprises. Ainsi, nous avons en France une dizaine de licornes dans ce secteur et nous poursuivons l’ambition de créer un NASDAQ français.
Pour y arriver, les défis sont de taille. Les Fintechs nécessiteront la même agilité dont elles ont fait preuve jusqu’ici, pour s’adapter à un cadre règlementaire qui va évoluer. Avec l’AMF et l’ACPR, la règlementation suivra les nouveaux usages, notamment ceux de la blockchain et des cryptomonnaies, pour garantir aux acteurs de la Fintech un environnement favorable à l’innovation, à la naissance de nouveaux acteurs et à la construction d’une infrastructure financière durable et souveraine.

Cédric O

La fintech, plus « tech » que « fin »

On utilise parfois le terme « tech for fin » pour désigner les Fintechs qui apportent des briques technologiques aux acteurs de la finance traditionnelle, et afin de les distinguer du BtoB auprès d’entreprises ou du BtoC. Cependant, cette désignation de « tech for fin » pourrait décrire l’industrie de la Fintech de manière plus globale.
Si les partenariats entre Fintechs et grands groupes sont déjà nombreux et matures c’est que les Fintechs apportent à ces acteurs une capacité de recherche et de développement qu’il leur est complexe d’internaliser. À l’inverse, les Fintechs sont les plus à même d’offrir cette capacité, car la technologie constitue leur cœur de métier. Mais c’est aussi leur avantage concurrentiel qui conduit indubitablement à des investissements de recherche et développement très importants. D’autant que dans certains usages où le modèle de plateforme prédomine, « the winner takes all », il devient alors crucial de grandir rapidement pour gagner le marché. Ce cercle vertueux de l’investissement (dans un contexte macroéconomique favorable) est moteur pour l’innovation dans cette industrie à haute valeur ajoutée technologique.
La mutation des usages, l’accès à l’investissement et l’appétit des grand acteurs de la finance ont porté la croissance des acteurs de la Fintech. Dans ce contexte, les recrutements ont et resteront un enjeu crucial pour les startups. En effet, elles ne sont pas les seules à se disputer les talents de la Tech. Si ces profils sont aussi demandés c’est que les connaissances et les compétences développées dépassent les seules frontières d’un secteur. D’un côté, l’application de certaines technologies comme la blockchain se concentrent encore sur le secteur de la finance, mais jusqu’à quand ? De l’autre côté, une grande partie des Fintechs reposent sur l’intelligence artificielle ; une technologie déjà utilisée dans de multiples domaines. C’est pourquoi la concurrence pour ces profils est rude, entre entreprises, startups ou même cabinets.
En réalité, la Fintech contribue au secteur de la finance en proposant des produits et services dont la valeur ajoutée est technologique. Les Fintechs sont avant tout des entreprises technologiques au service de la finance.

Bernard-Louis Roques

« L’écosystème des Fintechs en France se structure »

Finance Innovation est Pôle de compétitivité mondial créé par l’Etat en 2007. A ce titre, nous avons pour vocation d’encourager l’innovation et la recherche dans l’écosystème financier et, en particulier des starts-up financières. Dans le cadre de notre mission, nous entendons notamment montrer à l’Etat que l’écosystème des Fintechs en France se structure, qu’il est important et qu’il faut continuer de l’accompagner, notamment au travers de subventions. A cet effet, nous devions aller plus loin que la seule analyse des levées de fonds réalisées chaque année sur ce secteur, et mesurer également l’évolution annuelle des Fintechs en termes de recrutement et de chiffre d’affaires ainsi que la façon dont elles utilisent leur capital. Notre participation au Palmarès Fintech100 s’inscrit dans cette démarche.
La structure de revenus des Fintechs est particulièrement intéressante et illustre bien le modèle économique qu’elles privilégient. 68% de ces dernières ont plus de 50% de leurs revenus qui s’appuie sur un modèle SaaS et donc, qui est récurrent. D’autre part, pour 79% d’entre elles, la crise Covid a eu un effet neutre ou positif. Un chiffre qui vient confirmer la résilience voire l’opportunisme des entreprises digitalisées dans le contexte de la crise sanitaire. Il est d’ailleurs aussi intéressant de relever que 50 à 75 % des Fintechs ont plus de la moitié de leurs collaborateurs R&D qui travaillent dans la Tech (plutôt que dans la Finance). D’où l’intérêt des divers dispositifs d’aide et de subvention de l’état et de l’Europe en matière de recherches, de développement et d’innovations (CIR…). Enfin, nous constatons avec surprise que l’Espagne et plus généralement les pays d’Europe du Sud sont la première destination internationale de ces Fintechs. Une tendance que nous confirme d’ailleurs Business France.
Le développement des levées de fonds va contribuer à renforcer la compétitivité de ces Fintechs mais également leur environnement concurrentiel, que ce soit en France comme à l’international. Elles sont ainsi 59% à estimer que le développement de la concurrence représente leur principal risque. 39% des Fintechs considère par ailleurs que l’évolution réglementaire, son suivi et les mises en conformité qui en découlent représente un risque et surtout, un coût. Enfin, le recrutement de talents spécialisés en nouvelle technologie notamment représentent également un enjeu de taille.

Maximilien Nayaradou

« Ce palmarès démontre que les fintechs sont prêtes »

En 2021, nous avons interrogé près d’un millier d’acteurs du secteur financier dans le monde afin d’évaluer leur maturité en matière d’économie digitale. Il en résulte notamment que l’expérience client constitue leur priorité (72%). Si ce résultat n’est pas très étonnant en regard d’autres études et analyses, il est encore plus intéressant de constater que pour la majorité des leaders (52%), créer un écosystème de partenaires est la première clé d’amélioration de la satisfaction des clients et de leur fidélité.
Par ailleurs, et pour des raisons bien compréhensibles, la crise sanitaire a déclenché une accélération spectaculaire de l’évolution du secteur financier vers l’économie digitale. Ainsi, dans ce contexte d’évolution hyper rapide des technologies et des opportunités qu’elles permettent, nos activités tant de conseil que de développement de produit et de solutions doivent intégrer l’écosystème des fintechs.
Cela suppose la meilleure appréhension possible de la valeur apportée par les acteurs de l’écosystème. A cet égard, la conception même du Palmarès Fintech100 offre un éclairage unique : il va au-delà de l’indicateur de levée de fond auquel le concept de « licorne » est directement attaché depuis plusieurs années pour aller sur la création de valeur proprement dite.

Il vient ainsi compléter nos approches stratégiques de co-création de valeur tant dans l’intégration technique et commerciale de partenaires que d’animation d’un écosystème d’innovation dans la finance, comme notre initiative Sopra Steria Ventures ou encore notre investissement dans les standards d’Open Finance.
Cette première édition du Palmarès présente le niveau impressionnant dont la fintech Française est capable de faire preuve, notamment en termes :
- D’expertise technique
- De valeur dégagée, l’ensemble de leurs revenus représentant plus de 10% de l’ensemble du secteur du logiciel toutes industries confondues
- De maturité des fintechs à nouer des partenariats, notamment commerciaux
Quand notre récente étude de maturité du secteur financier dans le monde démontre la nécessité des banques à devoir faire évoluer leurs modèles opérationnels pour collaborer avec leur écosystème, ce palmarès démontre que les fintechs sont prêtes. Et ce non pas pour disrupter les acteurs rationnels, mais pour enrichir l’écosystème.

Nicolas Aidoud

« Lorsque nous recommandons les services d'une fintech, nous engageons systématiquement notre réputation et notre responsabilité »

Depuis ces dernières années le Groupe BPCE est entré dans une démarche d’accélération de sa dynamique d’innovation et d’open banking pour continuer de proposer la meilleure offre de services à ses clients. Nous avons inscrit cette priorité dans notre nouveau plan stratégique et nous ambitionnons d’embarquer 40 nouveaux partenaires actifs et innovants d’ici 2024.
Nous sommes convaincus que pour innover et répondre aux nouveaux besoins de nos clients - voire les anticiper - nous devons travailler avec les acteurs qui contribuent le plus aujourd’hui, à accélérer l’innovation dans notre secteur d’activité. Et ces acteurs ce sont les fintechs et assurtechs. Il y a chez eux un investissement important en Recherche & Développement et de véritables innovations.
Nous sommes également convaincus que notre collaboration avec ces fintechs et assurtechs devra se faire – pour réussir et créer de la valeur ajoutée partagée - sur la base de partenariats « gagnants – gagnants ». Nous veillons donc à trouver pour chaque partenariat mis en place, un véritable équilibre entre les enjeux de chacune des parties prenantes. C’est le cas par exemple, de notre partenariat technologique avec Meniga, leader mondial dans le domaine des solutions bancaires digitales, ou de notre partenariat avec IPaidThat, fintech spécialisée dans le pilotage de la gestion financière des TPE et PME. Nous essayons toujours de voir, comment avec les fintechs, nous pouvons apporter de nouveaux services à nos clients qui correspondent à la fois aux marqueurs d’un service qu’une banque doit offrir à ses clients et aux marqueurs du digital en termes d’expériences client, afin qu’elles répondent aux meilleurs standards du marché. Notre ambition est toujours de faire en sorte, que tous nos clients bénéficient de services optimisés, avec une facilité d’usage et une sécurité maximales. En d’autres termes, qu’ils soient satisfaits et qu’ils continuent de nous faire confiance. Lorsque nous recommandons - ou que nous présentons - les services d’une fintech à nos clients, nous engageons systématiquement notre réputation et notre responsabilité de tiers de confiance.
En s’associant au nouveau Palmarès FinTech100, qui offre une vision collective et inédite des fintechs, le Groupe BPCE a souhaité enrichir sa compréhension de ce qui se passe sur le marché des fintechs et assurtechs et identifier ses dynamiques et opportunités de partenariats.
En tant que partenaire de ce premier Palmarès - sous l’égide du pôle de compétitivité mondial Finance Innovation - je me félicite des bons résultats qu’il révèle. Ce qu’on y voit tout d’abord c’est que 86% des fintechs et assurtechs ont déjà mis en place un partenariat avec un acteur institutionnel ou un grand groupe. Ensuite, c’est que 54% de ces partenariats ont été réalisés avec un groupe bancaire. Enfin, 88% de ces partenariats ont été de nature commerciale. Et tout cela c’est une bonne chose car c’est collectivement que nous contribuerons à la mise en valeur de cet écosystème, en France et en Europe.

Frédéric Burtz